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Après la saison 2016-2017, la scène nationale de Perpignan a souhaité renouveler l'expérience avec le spectacle VIENS VOIR !

Un extrait du texte spécialement conçu pour ce lieu et son histoire: 
"Allez !!!

Viens voir ton autre demeure ! Vas-y, pousse la porte, c’est l’heure. C’est pour ça que ça s'appelle théâtre public, c’est parce que c’est ton théâtre, public. 

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Tu as de la chance, alors que la culture tombe en ruine un peu partout en France, fermetures des lieux, arrêts des subventions, bientôt, peut-être exécutions de spectateurs… Alors que beaucoup de théâtre perdent le combat, ici, on a choisi de miser dessus.

Dans cet océan de bêtise un archipel s’est dressé. Un ensemble d'îlots inégaux assemblés maladroitement par un architecte fou ou cocaïnomane mais qui est à notre image. Car c’est ce que nous sommes nous les humains : un assemblage inégal de différences, un corps libre mais difforme et désordonné qui se doit de collaborer pour tenir debout et défier la tectonique des plaques. Un ensemble de forces qui s’opposent, un fragile édifice.

Alors que tout le monde souhaitait ardemment la construction d’un stade de rugby dans la cité Perpignanaise, Dionysos, le Dieu du théâtre, cet être double car né deux fois, exigea que l’on construise plutôt un temple dédié à la culture, à la beauté, à l’art, à l'échange et à la recherche de nouvelles façons de créer et de penser. La presse locale s’enflamma, certains élus tentèrent de saboter le projet et les amateurs de rugby se mirent à prendre l’apéro en bougonnant et cela pendant toute la durée des travaux, c’est à dire 6 ans.

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Amis Rugbymen, croyez-moi, vu la qualité du service public en France, vous devriez être heureux que le sport de haut niveau soit géré par des fonds privés...

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Il n’est pas aujourd’hui question de débattre de l’utilité du sport par rapport à l’art vivant mais saluons plutôt cette rare victoire de la culture et réjouissons nous de faire partie de cette belle cité qui a fait le choix de se cultiver plutôt que de payer des places hors de prix pour manger des hot dogs en regardant des riches faire mumuse avec un ballon ovale ou rond, c'est beau mais posons nous les bonnes questions. 

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Viens, reviens prendre possession du dernier bastion de la libre expression. Viens Voir l’être vu, viens voir et te voir être vu. Le théâtre est ouvert à toute heure, c’est chez toi. Tu peux venir te poser boire une bière, un café sous la verrière en lisant un livre. Tu peux venir y méditer sur l’avenir de ta société. Viens le midi avec ton saaaaaandwich pendant les lectures saaaaandwichs. Pose tes miches et mange ta quiche en découvrant des auteurs qui éveilleront ton appétit et la porte sur des mondes insondables.

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Cette année encore, 7502 voitures s'arrêteront devant pour déposer les spectateurs avides de découvertes.

32459 pieds graviront les 10 marches balayées par le vent.

5753 dames se recoifferont sur le parvis. 701 messieurs aussi.

Et 478 étourdis vont encore se bouffer la bon dieu de vitre du sas d’entrée.

Au restaurant, 2478 assiettes de charcuteries seront commandées contre 2277 assiettes de chèvre.

Et je ne parle pas des 25696 verres de pinaaaaard bus au bar, ah bah ça ! Les petits producteurs de l'Hérault n'ont pas à s'en faire, chez nous : ça picole toujours.

36 fauteuils seront cassés, 14 parapluies oubliés, 53 pieds écrasés, 2 356 438 claques viendront résonner dans la rotonde aux angelots, il y aura 16 malaises et encore pas assez de chaises. Et quelques personnes viendront ici pour la première fois et se sentiront comme chez elles."

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Le site de la scène nationale >>>

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