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Après la saison 2016-2017, la scène nationale de Perpignan a souhaité programmer le spectacle VIENS VOIR ! dans le cadre de l'Archipel Tour : une tournée dans les lycées de la région, accompagnée d'ateliers en lien avec l'oeuvre programmée

Un extrait du texte spécialement conçu pour ce dispositif, avec en projection des images, des portraits : 


Sans les artistes, bon nombre d’avancées sociales et techniques n’auraient pas eu lieu. Est-il nécessaire de le rappeler ? Oui !? Ok, bon.

 

Sans Léonard De Vinci, pas d’hélicoptère, pas de char d’assaut, pas d’avion, pas de sous-marin, pas de voiture. Là, déjà, ça calme.

 

Sans Nietzsche, pas de critique de la religion, pas de poésie blasphématoire, pas d'agnosticisme, pas d'athéisme, pas de nihilisme.

 

Sans Voltaire et Montesquieu, pas d’abolition de l’esclavage, pas d’égalité entre noirs et blancs, pas de séparation de l’église et de l’état.

 

Sans Rabelais, que saurions-nous de la vie au moyen-âge et des langages qu’on y parlait ? Et sans lui, pas d’utopie, pas de jeu de mots, pas de liberté d’expression.

 

Sans Zola, pas de reconnaissance des erreurs judiciaires, pas de presse libre, pas de Charlie Hebdo.

 

Sans Molière, pas de réflexion sur les prétentions des nobles, la place de la femme, les mariages forcés, les inégalités, pas de rupture avec le classicisme pour que l’art accède à la modernité. Sans Molière, moins de lumière.

 

Sans Shakespeare, serions-nous aussi sensibles à comprendre la nature humaine dans ses plus vils recoins ? Rêverions-nous moins ?

 

Sans Vilar, pas de théâtre populaire, pas de culture accessible à tous, pas de festival d’Avignon. Pas de théâtre dans les lycées.

 

Sans Monique Wittig, George Sand, Olympe de Gouge, Madame de Sévigné, Mary Wollstonecraft, Simone de Beauvoir, Colette, Louise Labé, Sainte Thérèse d’Avila pas de roman, d’essai, de traité, d’étude, de slogan, de poésie écrits par des femmes.

 

Sans Victor Hugo, moins de démocratie et surtout, aucune conscience collective de l’égalité et du respect de la misère.

 

Sans des peintres comme Michel-Ange, Renoir, Picasso, Matisse, Van Gogh, Frida Kahlo, Andy Warhol et ceux qui ont peint les fresques sur les parois des grottes préhistoriques, pas de trace de la vie d’antan, aucune avancée esthétique, aucune réflexion sur le monde ni sur notre place au milieu du grand tout.

 

Sans Merce Cunningham, Béjart, Découflé, Pina Bausch, pas de danse contemporaine, pas de réflexion sur le corps, moins de façon de s’exprimer et de repousser les limites de l’espace. Pas de smurf, de Step de Break de Jerk de Twerk  de shake shake shake, ni de Wakking, Popping, Crumping, b-boying et autre tectonique. Bah ça... c’est sur qu’on se ferait bien chier en boite.

 

Sans Coluche, pas de resto du cœur, moins de radios libres, moins de critiques politiques, moins de comiques.

 

Et qui, sinon Mozart, aurait pu rendre la musique universelle en mélangeant les styles, en modernisant les formes et en imprégnant chaque note d’une émotion absente jusqu’à lors.

 

Sans Brassens, Ferré, Moustaki, Iam et NTM, pas d’expression publique du malaise des banlieues, pas de musique française engagée et contestataire. Sans Booba... bah non en fait, ça ne changerait rien.

 

Sans grand corps malade, pas démocratisation de la poésie ni de démonstration du pouvoir qu’elle exerce encore aujourd’hui.

 

Sans Banksy, pas de prise de possession, ni de transformation de l’espace urbain pour exprimer publiquement le malaise général dans un monde qui se transforme de plus en plus en zone commerciale.

 

Et sans Madonna, où en seriez-vous mesdames ?

 

Sans moi ici, maintenant, pas de parole salvatrice qui apaise ta souffrance l’espace d’un instant ou t’ouvre les yeux sur de nouveaux horizons, une nouvelle manière de vivre ton humain pour le diriger vers quelque chose de positif, quelque chose de pensé et de pensant.

 

Bref, si quelqu’un vient te dire que l’art est superflu, qu’il ne sert à rien. Mets lui une bonne patate dans sa mère et dis-lui d’aller lire un livre au lieu de dire des conneries, car sans les artistes, il ne pourrait surement pas prononcer une telle phrase.

 

Dis-lui d’aller au Vatican se poser devant l’école d’Athènes le tableau de Raphaël, fresque sur laquelle, le peintre a rassemblé les figures majeures de la pensée antique pour prouver aux yeux du monde que tout est lié, les maths, la poésie, la philosophie, l’art, l’astronomie, la science, l’histoire et le mythe.

 

Le souffle artistique est un souffle divin qui pousse l’homme à prendre de la distance sur le monde qui l’entoure afin de l'améliorer, de progresser et de rassembler les esprits sur des questions fondamentales. Et à ce niveau là, je peux vous dire qu’on régresse.... Il suffit d’aller voir dans La Chapelle du palais des rois de Majorque.

 

Si quelqu’un vient te dire que l’art est inutile, mets lui une patate dans sa gueule et dis-lui d’éteindre carrément sa télé pour aller échanger avec ses contemporains afin de s’élever. L’art est éphémère mais le souffle qui s’empare du spectateur est éternel et ne peut se comparer qu’à la lumière née de la fusion d’une étoile et qui traverse l’univers pour apporter la vie sur les terres désormais fertiles.

 

Va au théâtre, ça parle de toi."

 

Le site de la scène nationale >>>

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